vendredi 12 novembre 2010

Egaux ou Ego?

Egaux…c’est bien ainsi que nous nous qualifions, nous FM, et c’est bien là un de nos objectifs : cette égalité qui fait partie des principes fondamentaux de notre ordre et que nous invoquons haut et fort au début et à la fin de nos travaux en loge.
L’égalité qui d’ailleurs est définie comme étant la qualité de deux choses qui ont une ou plusieurs caractéristiques identiques. L'égalité est donc doublement relative : elle suppose, d'une part, la relation entre les termes que l'on compare et, d'autre part, la relation entre ces termes et une unité de référence. Ainsi, deux corps peuvent être égaux en poids sans être égaux en taille. Appliquée aux hommes, la question de l'égalité varie donc selon les références que l'on retient. Mais, parallèlement à cette égalité, il faut noter ce qui constitue l’identité d’un objet ou d’une personne, ce qui en fait un élément unique. Ainsi, dans notre cas, nous sommes, au-delà de nos différences particulières, de nos tendances respectives, et de nos idées propres, égaux par le fait de notre appartenance à cet ordre qu’est la FM, animée par une raison suprême. Nous sommes égaux car nous avons en  commun de participer à cette raison suprême.
Cette égalité entre nous et entre les hommes de façon générale est aussi essentielle et nécessaire pour équilibrer la liberté. En effet, sans elle, trop de liberté accordée aux hommes créerait petit à petit une société de loups et d’agneaux,  et cette liberté nous ramènerait inévitablement aux lois de la nature. 
L’égalité constitue donc le ciment social nécessaire à la construction d’une humanité ouverte et libre, dans le respect des différences et de l’identité de chacun.
Mais sommes-nous toujours capables de nous sentir égaux quand nous sommes différents ? Que se passe-t-il lorsqu’en loge ou ailleurs nous nous retrouvons face à des personnes ayant des idées différentes, des objectifs différents, qu’ils tendent à satisfaire et qui rentrent en contradiction avec nos propres objectifs individuels ? Que se passe-il lorsque notre Ego en prend un coup, et que nous nous retrouvons seuls à défendre nos opinions ? Notre Ego ne serait-il pas alors une entrave à l’idéal maçonnique ? Comment pouvons-nous ne faire qu’un avec nos frères et sœurs lorsque le MOI l’emporte ?
Ce MOI ou EGO désigne la représentation qu’on se fait de soi et la conscience que l’on a de soi-même. L’homme sous l’emprise de l’EGO ramènerait toute idée ou évènement à sa propre personne, faisant ainsi de lui-même le centre de l’univers, les autres n’agissant ou n’existant que pour participer à la réalisation de ses intérêts. La FM est d’ailleurs un moyen de se libérer de son EGO pour mieux se connaitre soi-même, en polissant sa pierre brute, en dégrossissant son EGO. Il est toutefois évident qu’il est nécessaire d’avoir un minimum d’ego et d’amour propre pour penser librement et exprimer de façon authentique ses idées et convictions, pour réaliser ses objectifs et ses rêves, enfin…pour avancer. Nous arrivons ainsi à une lame à double tranchant : comment servir un idéal sans ego, sans toutefois tomber dans le nombrilisme ?
En fait, je crois que ce n’est pas l’Ego qui poserait un problème. Bien au contraire, il nous donne la motivation pour mener nos combats contre les injustices, contre le fanatisme, contre les préjuges, etc. Par contre c’est un ego démesuré qui nous empêcherait d’accepter les autres, et de se soumettre aux principes de la démocratie. Un ego parfois trop amplifié ne saurait qu’éloigner le franc maçon de sa raison d’être initiale.
Il devient alors important de se libérer de notre prétention, de notre vanité, et de revêtir l’humilité. Abandonner le superficiel, et mieux se connaitre soi-même, connaitre ses propres faiblesses. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de passer par le processus d’initiation. Selon Jacques Ravenne, « toute la logique de l’initiation et de la pratique du rituel en loge est […] de décongestionner les egos trop envahissants. »
Laissons nos métaux à la porte du Temple, ces métaux dont fait partie intégrante l’ego de chacun, favorisons l’intérêt collectif à l’intérêt individuel, faisons fusionner nos énergies, sortons de notre Moi pour aller vers les autres.

Nous ne pouvons nous construire Franc Maçons seuls avec notre Ego. Nous avons besoin pour cela de nos frères et sœurs….n’est ce pas pour cela que nul ne se proclame Franc Macon ; ce sont ses frères et sœurs qui le reconnaissent pour tel.

L’ego vaniteux doit petit à petit s’effacer pour céder la place au moi véritable, un moi humble. Cette humilité qui doit devenir une attitude de l’âme, parce que l’orgueil ne saurait aimer, ni partager, ni respecter. Cette humilité que nous apprenons aussi par le silence auquel nous sommes soumis en tant qu’apprentis. Ce silence qui freine la passion lorsqu’elle veut se mêler à nos mots pour exprimer ce que notre Ego voudrait. Cette passion si dangereuse et qui devrait céder la place à la raison, et au Nous avant le Je.

Outre le silence, d’autres étapes de la vie de l’apprenti lui apprendront à mettre de cote son ego. L’assiduité et le travail sur les outils du FM ne sauront que nous libérer de notre moi, nous libérer de cet ennemi que nous avons vu le jour de notre initiation, ce visage dans le miroir, ce moi, cet ego.

Et pour que nous soyons Egaux, sans l’influence de l’Ego, la Règle et l’Equerre nous mèneront au droit chemin : La règle puisqu’elle nous permet de suivre fidèlement une règle de vie alors que notre ego nous perdrait dans des réactions passionnelles ; et l’équerre parce qu’elle discerne le droit et le devoir.

Ne soyons pas renfermes sur nous-mêmes mes frères et sœurs, ne nous enfermons pas non plus dans nos convictions, car seul on ne peut rien, et ensemble on est capable de tout.

Et si un jour, mes frères et mes sœurs, mon Ego l’emportait, remettez moi mon tablier blanc à la bavette relevée, et ramenez-moi au banc des apprentis, car c’est la que ma place serait.

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